Le kamishibaï est une technique japonaise de conte à mi-chemin entre le conte traditionnel et la bande dessinée. Le mot « kamishibaï » signifie « théâtre de papier » (kami (papier), shibaï (théâtre)). La technique est simple : le conteur (appelé « gaitô ») raconte un conte découpé en images. Ces images sont elles-mêmes divisées en une, deux ou trois séquences, afin de créer un dynamisme dans le rythme de la mise en scène, ainsi que dans l’interaction entre le texte et ce qui est vu. Les effets seront différents selon que le gaitô manipule les images lentement ou rapidement, jouant à faire interagir les images l’une avec l’autre. Ces images sont insérées et défilent dans un petit castelet, généralement de bois, appelé « butaï » (scène).Le kamishibai est apparu au Japon autour du VIIIe siècle, sous différentes formes primitives. Mais ce n’est qu’à partir du XIIe siècle qu'il prit l'apparence qu’on lui connaît aujourd’hui, alors que plusieurs temples bouddhistes recourir à cet art pour transmettre des histoires à contenu moralisant pour un auditoire généralement illettré. Le kamishibai est tombé un peu dans l’oublie pendant plusieurs siècles, avant d’être redécouvert à la fin du XIXe siècle, avec l’apparition du cinéma au Japon. Il a alors prit sa forme définitive sur format d’illustration de 37centimètres sur 27,5 centimètres. Le kamishibai a connu son âge d’or dans les années 1950, alors que plus de 50 000 conteurs se produisaient dans tout le Japon. Traditionnellement, ces conteurs parcouraient les villages japonais à bicyclette, un butaï accroché à l’arrière de celle-ci. Ils leur suffisaient de s’arrêter, de jouer leur histoire devant un public d’enfants fascinés, de passer le chapeau et de reprendre leur route pour le prochain village. Le kamishibaï a beaucoup influencé à cette époque les premiers auteurs de manga en tout ce qui concerne le corpus d’histoires, le rythme narratif, la mise scène des images et le style graphique. C’est ironiquement l’ascension de la manga qui a causé le déclin de popularité du kamishibai. La très grande polyvalence narrative du kamishibai et sa légèreté en font un excellent outil pédagogique et social.